Le diabète gestationnel
Cette semaine, pour cette nouvelle fiche santé, nous traitons du diabète gestationnel ou « diabète de grossesse » en compagnie de Josiane Bérard, sage-femme.
Le diabète gestationnel, de quoi s’agit-il ?
On parle de « diabète » car : « c’est un trouble de la régulation du glucose (glycémie) entraînant un excès de sucre dans le sang ou hyperglycémie. » rappelle Josiane Bérard.
Et « gestationnel car il existe seulement durant la grossesse puisque le responsable est le placenta, qui secrète des hormones entraînant un état d’insulino-résistance. L’insuline secrétée n’est plus active normalement. »
Selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé : «le diabète gestationnel est un trouble de la tolérance glucidique conduisant à une hyperglycémie de sévérité variable, débutant ou diagnostiqué pour la première fois pendant la grossesse.»
Qui est concerné ?
Rassurez-vous, toutes les femmes ne développent pas un diabète gestationnel. On estime que cela concerne en France, 2 à 6% des grossesses, environ 12% depuis les nouvelles normes de dépistage de 2010. Il peut passer inaperçu, être asymptomatique (sans symptômes chez la mère). C’est pour ces raisons qu’il faut le dépister « car il comporte un risque pour la mère comme pour l’enfant. » indique Josiane Bérard.
Quels risques pour l’enfant ?
Comme nous l’explique la sage-femme « le glucose en excès chez la mère est transmis au fœtus ». Cette réserve calorique excédentaire est alors stockée dans les organes de l’enfant.
Cela a pour conséquence un poids et une croissance excessifs. C’est pourquoi, on indique que la complication la plus fréquente du diabète gestationnel est la macrosomie : un poids à la naissance trop important (supérieur à 4kg).
Josiane Bérard aujoute que « après la naissance, l’enfant a un risque d’hypoglycémie néonatale. En , le pancréas de bébé a beaucoup secrété d’insuline pour compenser l’hyperglycémie de son sang durant sa vie in utéro, et après la naissance la sécrétion d’insuline est en excès. »
Aussi les trois premiers jours de vie de bébé, la glycémie est surveillée par dosage sur une microgoutte de sang (dextro).
Quels risques pour la mère ?
Le diabète gestationnel présente trois risques principaux : la prise de poids excessive avec le risque d’hypertension artérielle d’une part, un accouchement plus difficile d’autre part et le risque de développer un diabète de type 2 après la grossesse enfin.
En amont la prévention : dépistage et diagnostic
La méthode diagnostique pour dépister le diabète gestationnel est simple : un test de « glycémie à jeun » au premier trimestre. Le résultat doit être inférieur ou égal à 0,92g/l.
Josiane Bérard nous rappelle es précautions : « Attention à être bien à jeun au moins 12 heures avant la prise de sang, donc pas de grignotage devant la télé la veille !! Et bien sûr ne pas avaler un pot de confiture au dîner… ».
Pour les femmes à risques, ce test devrait être fait idéalement avant la conception (dès l’intention d’avoir un enfant) pour dépister un diabète préexistant, en cas de :
• surpoids, obésité (IMC ≥ 25kg/m²),
• des antécédents personnels ou familiaux (apparentées au 1er degré de diabète de type 2),
• âge (35 ans et plus),
• macrosomie à la naissance d’un enfant précédent (poids de naissance supérieur ou égal à 4,5kg).
Dans un deuxième temps, « on réalise entre la 24e et la 28e semaine d’aménorrhée (absence des règles), un second test appelé HGPO (Hyperglycémie provoquée par voie orale) avec 75g de glucose. »
Une seule valeur de glycémie au-delà des seuils définis (0,92g/L à jeun; ou 1,80g/L 1h après la charge orale en glucose; ou 1,53g/L 2h après) suffit à diagnostiquer un diabète gestationnel.
Quels sont les traitements du diabète gestationnel ?
Pour Josiane Bérard, « les clefs d’un traitement réussi s’appuient sur un dispositif qui comprend :
• la motivation de la patiente,
• son auto-surveillance glycémique,
• des mesures hygiéno-diététiques,
• et une équipe pluridisciplinaire suivant la patiente (diabétologue, gynécologue, sage-femme, diététicienne…). Bébé est surveillé par échographies et enregistrement du rythme cardiaque fœtal (RCF). »
A cela s’ajoute la nécessité pour la mère d’une auto surveillance glycémique et d’une prise en charge diététique.
« La femme enceinte doit pratiquer l’auto surveillance glycémique avant et 2 heures après le début des repas. Objectif : garder une glycémie à un taux acceptable, soit inférieure ou égale à 0,92g/L à jeun et inférieure à 1,20g/l en postprandial. » indique Josiane Bérard.
Le premier traitement du diabète gestationnel est la prise en charge diététique avec régime alimentaire adapté et contrôle du poids par :
• un régime hypoglucidique : on privilégie les aliments à faible index glycémique (qui font peu monter la glycémie) ;
• des repas fractionnés, permettant une répartition de la prise des glucides au cours de la journée (3 repas, 2 collations) ;
• un calcul de la ration calorique adaptée à chaque femme ;
• en privilégiant les fibres : elles ralentissent l’absorption des glucides et donc le pic d’hyperglycémie postprandiale.
Il est conseillé de pratiquer une activité physique. En dehors de contre-indications médicales, l’activité physique régulière et adaptée au profil de la femme enceinte est recommandée.
L’autre traitement du diabète gestationnel se fait par insuline.
Comme l’explique Josiane Bérard, « l’insuline est réservée aux femmes pour qui les mesures hygiéno-diététiques ne suffisent pas pour atteindre l’équilibre glycémique. L’insuline est prescrite par injection car les antidiabétiques oraux sont le plus souvent contre-indiqués pour la femme enceinte. Les insulines appelées “analogues rapides” sont utilisées. »
En suivant ces conseils, les résultats sont un bébé en bonne santé et de poids normal à la naissance (2500g à 4000g). D’ailleurs, comme le souligne la sage-femme « la grande majorité des diabètes gestationnels vont très bien répondre à l’association de modifications nutritionnelles et d’une activité physique adaptée. »
Après la naissance la régulation de la glycémie chez la mère et chez l’enfant redevient normale. Donc pas de panique, et bonne grossesse !
Rendez-vous pour notre prochaine fiche santé dans quinze jours. D’ici là, portez-vous bien !
Et bien sûr, vous pouvez à tout moment nous demander des précisions concernant les fiches santé. Nous nous ferons un plaisir d’y répondre.
Émilie Mondoloni