« La gale »
Une étude de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) démontre que depuis maintenant plusieurs années, la France connaît une recrudescence des cas de gale. Les chiffres ne sont pas connus sur notre territoire, car la déclaration aux autorités n’est pas obligatoire.
Toutefois, l’InVS appuie ses dires sur la quantité de deux produits anti-gales vendus en France et qui connaissent une forte augmentation. Les voyages et migrations, les retards de diagnostic et la stigmatisation sont autant de facteurs pouvant favoriser l’extension de la gale.
On a tous en tête les remarques des enfants entre eux « ça va, j’ai pas la gale ! » qui montrent bien la méfiance que nous avons vis-à-vis de cette infection.
Mais de quoi s’agit-il en réalité ?
Le Docteur Dubreuil le spécifie bien « C’est un parasite contagieux ».
Donc ne prenez pas son traitement à la légère ! Cela signifie que la maladie peut toucher tout le monde.
La gale humaine ou gale sarcoptique, est une affection contagieuse qui se transmet par contact humain direct, intimes et prolongés, comme il en existe au sein d’un couple ou d’une famille.
Et ajoute le médecin : « Du fait de la possible contamination sexuelle, la gale est aussi considérée comme une infection sexuellement transmissible ».
Précisément elle est due à un parasite qui pénètre la couche superficielle de la peau. Ce parasite est un acarien, c’est-à-dire un parasite de petite taille appelé sarcoptes scabiei hominis.
« Contrairement à certaines idées reçues, elle touche toutes les tranches d’âges, toutes les populations et tous les milieux socio-économiques, on estime qu’environ 300 millions de personnes sont concernées dans le monde. » ajoute ce médecin .
Elle touche toutes les ethnies et toutes les catégories sociales contrairement à certaines idées faussement répandues. Et elle peut survenir sous forme d’épidémie au sein de collectivités médicalisées, de foyers pour personnes âgées, chez des sujets aux moyens de défense diminués (immunodéprimées), et dans des milieux socio défavorisés (forte promiscuité).
L’ensemble des symptômes s’explique par la présence de l’acarien dans la peau et de ses déjections.
Certains propriétaires d’animaux le savent bien : il existe également une gale animale. Mais ce qu’ils savent moins, c’est qu’elle peut être transmise à l’homme. Ceci dit, le Docteur se veut rassurant : « Dans ce cas, l’homme constitue une impasse parasitaire, c’est-à-dire qu’il ne peut la transmettre à son tour à un autre homme. ».
Quels sont les symptômes ?
On répertorie 6 formes de gale : la gale typique, la gale du nourrisson, la gale des « gens propres », la gale profuse, la gale hyperkératosique et les gales compliquées.
La gale typique, pour sa part est le plus fréquente.
Notre interlocuteur nous indique qu’elle « se caractérise par l’existence de démangeaisons (prurit) à recrudescence nocturne et par des lésions cutanées, non spécifiques, dues au grattage ou à la réaction immunitaire de l’organisme et des lésions spécifiques plus rares qui permettre d’affirmer le diagnostic ».
La topographie des lésions de grattage est particulièrement évocatrice, quand elle se situe entre les doigts, sur la face antérieure des poignets, sur les coudes, sur les emmanchures antérieures, autour de l’ombilic, sur les fesses, sur la face interne des cuisses, sur les organes génitaux externes chez l’homme et au niveau du mamelon et de l’aérole mammaire chez la femme.
« Cette gale est faiblement contagieuse et il existe peu de parasites dans la peau. » nous informe « notre » médecin.
La gale du nourrisson peut être trompeuse car elle peut revêtir une atteinte du visage, des nodules scabieux péri axillaires (vers les articulations par exemple) et des vésicules et pustules palmo- plantaires (doigts, mains, pieds). Cela peut donc nous suggérer d’autres maladies infantiles.
Quoiqu’il en soit, au moindre symptôme, et sans certitude de l’infection, allez consulter un médecin.
Pour ce médecin, « Le diagnostic de la gale des « gens propres » est souvent difficile en raison de la rareté des lésions. Il faut y penser devant un prurit diffus persistant. »
La gale profuse, quant à elle, se caractérise par une extension des lésions à l’ensemble de l’organisme. On retrouve ainsi des lésions cutanées dans le dos.
« Elle est souvent liée à un diagnostic tardif, à des traitements inadaptés ou à la présence d’un terrain immunitaire défavorable (VIH) » insiste-t’il encore.
Et oui ! A force d’avoir honte ou peur du diagnostic, certaines pathologies sont plus difficiles à soigner.
Autre cas de la famille de la gale, la gale hyperkératosique survient dans un contexte particulier d’immuno dépression ou chez des sujets âgés vivants en collectivité. Tout le corps est atteint, y compris le visage, le cuir chevelu, les ongles.
Il existe alors une érythrodermie (rougeur de la peau diffuse ou localisée) avec des lésions hyperkératosiques (épaississement de la peau).
Même si, comme nous l’indique le médecin, « elle est beaucoup moins fréquente que la gale typique, il s’agit d’une gale extrêmement contagieuse avec des milliers voire des millions de parasites dans la peau. »
Dernier membre de la famille, la gale compliquée correspond à des lésions peuvant être surinfectées en particulier par du staphylocoque.Un examen d’eczéma peut également survenir secondairement à la gale par intolérance à son traitement.
Après avoir fait connaissance avec la grande famille de la gale, cherchons à comprendre quelles sont les causes de la gale.
Les causes de la gale
A l’origine de la gale, on retrouve un acarien : le sarcopte scabiei hominis. Le parasite creuse des tunnels dans la partie la plus superficielle de l’épiderme. Il dépose ses œufs et se situe dans une structure appelée vésicule perlée.
Seule la femelle est pathogène et responsable des lésions. La mobilité de l’acarien à la surface de la peau est bonne de l’ordre de plusieurs centimètres par heures, pour des températures de 25° à 30°.
Il perd en revanche sa mobilité pour des températures inférieures à 20° et meurt en 12 à 24 heures.
Et il est tué très rapidement lorsque la température dépasse les 55°.
La période d’incubation est de trois semaines, mais peut être plus courte en cas de réinfestation.
Le cycle parasitaire, c’est-à-dire l’éclosion des œufs et la maturation de l’acarien adulte est de 20 jours.
« Dans la gale commune, la population parasitaire est habituellement peu importante, de l’ordre de 10 femelles, elle est de l’ordre de quelques milliers à millions de parasites en cas de gale hyperkératosique. » indique encore ce médecin.
La contamination
La gale humaine classique est faiblement contagieuse. Sa transmission nécessite en effet des contacts humains directs, intimes et prolongés, comme nous l’avons déjà indiqué.
La transmission indirecte par les vêtements ou la literie est plus rare, sauf dans les formes hyperkératosique.
Les conseils du médecin face à cette pathologie
D’abord respectez rigoureusement les consignes du Médecin ou du Dermatologue pour éradiquer le parasite.
L’éradication de la gale passe à la fois par :
o le respect rigoureux de la prescription thérapeutique,
o par une abstinence sexuelle pendant le traitement,
o par le lavage du linge à 60° après chaque application ou prise médicamenteuse.
« Si un traitement local est prescrit, l’application soigneuse du produit sur l’ensemble du corps y compris le cuir chevelu, avec le respect des temps de pause est essentiel à l’efficacité du traitement local. » insiste notre interlocuteur.
Et d’ajouter : « les deux prises médicamenteuses à 15 jours d’intervalles sont indispensables à l’efficacité du traitement oral. »
L’abstinence sexuelle pendant le traitement permet d’éviter de recontaminer son partenaire sexuel ou son conjoint.
De même, pour éviter tous risques de recontamination, il est impératif de laver le linge porté au cours de la dernière semaine à 60° après chaque prise du traitement.
Certes le traitement est contraignant, mais cela vaut la peine de se donner autant de mal pour se séparer définitivement de ces petites bêtes.
Certains examens complémentaires peuvent être nécessaires pour confirmer le diagnostic.
Ce docteur, spécifie bien que le diagnostic est avant tout clinique. Cela signifie qu’à l’observation des lésions de grattage et devant des lésions spécifiques, le médecin est en mesure de faire son diagnostic.
Mais la confirmation diagnostic par un prélèvement parasitologique, mettant en évidence l’acarien ou ses œufs est souhaitable.
Le diagnostic repose également sur le dialogue entre le patient et son médecin. On se demandera s’il y a pu avoir un risque de contact contaminant et la nature des lésions sur le corps.
Le prélèvement parasitologique doit être réalisé par un spécialiste.
Comment cela se passe-t-il ? Le dermatologue gratte les lésions et le prélèvement est examiné au microscope après avoir été étalé sur une lamelle. La visualisation du parasite et/ou de ses œufs apporte la certitude du diagnostic.
Le médecin rassure « Il s’agit d’un examen très spécifique et moyennement sensible. ».
Une fois le diagnostic établi, passons au traitement !
D’abord le traitement de la gale nécessite à la fois le traitement du sujet atteint, mais également le traitement de son entourage.
Deux stratégies de traitement sont possibles l’une par voie locale et l’autre par voie générale.
Le traitement local fait appel au benzoate de benzyle qui reste le produit de référence.
Classiquement, on badigeonne à l’aide de compresses ou d’un pinceau l’ensemble du corps y compris le cuir chevelu, à l’exception du visage.
Le produit est appliqué soit une fois et gardé 24 heures avant d’être lavé, soit deux fois à 10 mn d’intervalle et gardé 24 heures avant d’être lavé, soit 2 fois à 24 heures d’intervalle.
L’entourage du patient doit être traité de la même façon avec des durées d’application du produit toutefois plus courtes pour les enfants et pour les nourrissons.
L’autre produit local pouvant être proposé est un pyrethrinoïde de synthèse, l’esdepallethrine.
Le traitement par voie orale est l’ivemectine administré en deux prises à 14 jours d’intervalles, le matin à jeun. Le produit n’est efficace que sur les acariens matures mais pas sur les œufs.
Une deuxième prise 14 jours plus tard est donc nécessaire afin d’éradiquer tous les parasites.
Attention ce traitement est contre indiqué chez l’enfant dont le poids est inférieur à 15 kg.
De toute manière, c’est bien votre médecin et vraisemblablement le spécialiste (dermatologue) qui vous préconisera le traitement le plus adapté à votre cas.
Si dans la gale commune, l’une ou l’autre des stratégies peut être envisagée, dans la gale compliquée, il est souvent nécessaire d’associer au traitement local, un traitement par voie générale.
Enfin les nodules scabieux peuvent persister longtemps malgré un traitement efficace.
Ces nodules scabieux, sorte de tuméfactions rouges violacées sont secondaires à une réaction immunitaire de l’organisme.
ce médin précise que « Ces nodules peuvent persister plusieurs semaines malgré un traitement efficace et être associés à un prurit persistant. Selon les cas, un traitement par pommade corticoïde, crème hydratante, traitement kératolytique et médication type prurigineuse est proposé. »
Vous l’aurez donc bien compris, allez voir un spécialiste et suivez au plus près toutes les recommandations des médecins lorsque vous êtes touchés par cette pathologie.
Votre prompt rétablissement repose clairement sur la rapidité du diagnostic et sur votre capacité à suivre à la lettre le traitement.
Des questions persistent à la lecture de cette fiche ? Posez-les et nous y répondrons après consultation d’un spécialiste.
pascalberthier@montceau-news.com
Émilie Mondoloni
Illustration : http://unmetiercasappend.hautetfort.com/archives/tag/sante/index-8.html
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