Ce sont des gens conscients des enjeux, dans l’expectative et en proie à une sourde inquiétude, qui ont besoin d’exprimer leurs soucis concernant l’avenir de l’Hôpital de Montceau.
Pour eux il existe des points obscurs qui nécessitent un éclairage que l’on n’a toujours pas. Les membres du CODEF trouvent que l’équipe de Direction a fait un réel travail réaliste et pragmatique avec les moyens qui sont les siens dans le cadre du projet d’établissement et de réponse aux injonctions du COPERMO 2. (Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins). Ils ont confiance mais ils sont prudents, alors ils attendent de voir la réalité du début d’année.
Ils se sont maintes fois exprimés sur ce sujet très prégnant pour eux et si capital pour le bassin minier.
Ils ont obtenu un certain nombre de garanties et d’apaisements de Bruno Legourd et Isabelle Tabyaoui, mais il leur manque de véritables certitudes concernant l’avenir du centre hospitalier. Et cela les maintiens dans un état de vigilance poussée.
Mais leur propos est aussi plus vaste, plus universel. S’ils sont très impliqués, vraiment investis, dans la défense de ce service hospitalier Montcellien, ils n’en restent pas moins des défenseurs des usagers des hôpitaux dans la pleine acception du terme.
Ils fustigent la mise en place de Groupements Hospitaliers de Territoires d’un gigantisme jamais vu avec modification et éloignement des lieux de décisions.
Pour eux cela se traduit, pour notre secteur, dans un périmètre de 280 Km, par le GHT nord Saône et Loire va regrouper : Montceau, Toulon sur Arroux, Autun, Chagny, Chalon, Louhans, Sevrey et La Guiche. 7 Hôpitaux regroupé autour d’un hôpital pivot Chalon.
Hors cet aspect géographique, les conséquences, sur un plan plus global, seront la réorganisation voir la fermeture de nombreux services actuels : maternité́, chirurgie, pédiatrie, urgences … mais également la transformation d’un grand nombre de centres hospitaliers actuels en Hôpitaux de Soins de Suite ou de Gériatrie qui eux-mêmes deviendront des EHPAD perdant ainsi un nombre d’emplois soignants considérables. (À ce propos ils trouvent que les bruits qui circulent sous forme de rumeur ou d’écrits leur paraissent vraiment infondés)
Ce sont ces dégâts collatéraux qui les inquiètent fortement. Et puis ils dénoncent les dérives de la financiarisation. Les modes de gestion qui vont sacraliser la rationalisation, l’efficience, la productivité́, la rentabilité́ dans un secteur déjà̀ sous tension.
Ce ne sont pas que des mots, il y a une réalité sordide et cruelle derrière tout cela. « De nombreux jeunes, de nombreuses personnes âgées, des travailleurs pauvres renoncent aujourd’hui à se soigner pour des raisons d’éloignement, de coûts… De nombreux jeunes, de nombreuses personnes âgées, des travailleurs pauvres renoncent aujourd’hui à se soigner pour des raisons d’éloignement, de coûts…
Les conditions sont réunies pour que les groupements hospitaliers aggravent la situation : La Loi Santé n’a pas d’autre objectif que d’adapter le système de santé aux injonctions d’économie imposées par le pacte de responsabilité et la loi de financement de la sécurité sociale dont le cadre est dicté par Bruxelles : Les conditions sont réunies pour que les groupements hospitaliers aggravent la situation » :
Ils ne mâchent pas leurs mots, ils ne tournent pas autour du pot. Leurs préoccupations profondes proviennent des conséquences du fait que « les GHT seront employeurs et leurs périmètres d’organisation seront de plus en plus étendus. Du coup ils craignent fortement que les employés du GHT, les salariés au travers d’un contrat multi-sites devront demain être plus flexibles et plus mobiles. Qu’ils soient conduits, aux grès des besoins, à travailler d’une semaine sur l’autre dans un des établissements de la dite communauté ; sans tenir compte de la distance kilométrique qui les sépare. Le principe sera le même pour les patients. Pour eux, ceci s’intègrera dans un processus de dénonciation des conventions collectives ce qui facilitera la casse du statut de la fonction publique, vieux rêve de nos décideurs. »
Ça ne plaisante pas au Codef, quand on dit les choses, on ne barguigne pas…
« Cette réorganisation sans précédent ne sera pas sans conséquence pour la population:
Moins de proximité́, concentration des activités dans des «méga» structures impliquant une dégradation de l’accès aux soins et de la qualité́ d’accueil,
D’un autre côté́, les grands centres hospitaliers, les CHU auront du mal à absorber toute l’activité́ pourtant nécessaires pour répondre aux besoins de la population. Quels moyens restera-t-il pour développer les technologies de pointe ?
Les temps d’attente pour un rendez-vous seront de plus en plus longs et les patients, qui en auront les moyens financiers (carte bleue oblige), n’auront pas d’autre choix que de recourir encore plus aux cliniques privées,
Confirmation de la T2A (Tarification à l’Activité),
Instauration de la logique marchande,
Secteur privé mis sur le même plan que le secteur public,
Renforcement du pouvoir des ARS,
Eloignement des élus de la République des prises de décisions,
Affaiblissement des Institutions Représentatives du Personnel,
Ingérence de l’ARS dans la gestion de la Sécu (démarche autocratique) »
Fermez le ban…
Mais ils n’ont pas tout dit :
« Rappelons que la santé est financée par la Sécurité sociale et donc par nos cotisations sociales… Permettre à l’ensemble de la population un accès à des soins de qualité, de proximité, c’est possible et ça doit être une priorité nationale ! « La population doit impérativement s’en mêler ! »
Donc au travail, citoyens !
Ah, pour en revenir au terrain, le Codef rappelle que la Carmi fait partie de l’ADN du Bassin Montcellien, le Centre multidisciplinaire doit voir le jour. Il doit continuer le partenariat avec l’hôpital de Montceau et conserver toutes ses disciplines eu égard à la pénurie de médecins et de spécialités médicales.
Gilles Desnoix