Ce lundi matin, le député Louis Margueritte a reçu une vingtaine d’adhérents de la CGT dans le salon d’honneur de la mairie qui l’ont sollicité pour une entrevue sur le système de santé en France et plus particulièrement sur notre territoire.
Le député a assuré de son écoute les différents interlocuteurs : la santé est un sujet qui suscite bien des inquiétudes. Il a indiqué qu’il rencontrait la direction de l’hôpital cet après-midi.
« Je n’ai aucun à priori et je suis à votre écoute ».
La CGT, par la voix de Catherine Petit au nom de la délégation a porté les revendications du syndicat et a fait le constat de la situation nationale avec les conséquences sur le plan local, avec des moyens loin des enjeux pour le territoire local : difficulté d’avoir un médecin traitant, faire 40km pour aller à l’hôpital, 52 % de la populations renonçant aux soins, …
La situation de l’hôpital Jean Bouveri avec le rapport de l’IGAS et ses préconisations…
Puis, les prises de parole se sont succédé.
« Avec la suppression de l’autorisation de chirurgie, on n’a plus la possibilité de réaliser des endoscopies… Qu’en est-il de la prévention ? On a déjà perdu un certain nombre de services : pédiatrie, maternité, chirurgie, …
Les spécialités se réduisent, la cardio, l’oncologie, …
Les médecins se spécialisent. Les préconisations de faire de la médecine polyvalente vont à l’encontre et du coup on est de moins en moins attractif, c’est l’effet domino…
Que deviendront les Urgences ? »
« Pour les soins continus, les textes sont durcis avec des normes plus strictes. Et sont toujours en attente d’un texte législatif. Toujours dans l’attente de textes pour les soins renforcés..
On ferme le service de soins continus plutôt que de le remettre aux normes pour qu’il rentre dans les clous.
En 2020,2021,2022, ce service a rendu d’énormes services pendant le COVID. Heureusement qu’il était ouvert. On a sauvé beaucoup de patient et d’un seul coup on veut le fermer.
Ce sont des préconisations de l’IGAS mais on sait bien qu’à terme, elles finissent toujours pas arriver. »
« Le Ségur de la santé : où en sont les sommes qui pourraient être affectées à Montceau ? Où est l’argent du Segur ? »
« Tout le monde est en perte de chance. Nous sommes dans un processus de destruction. À 30 minutes de l’hôpital, 62 communes pour un bassin de 105 000 habitants. Plus on s’éloigne, plus la perte de chance croit ».
« On nous a promis de retrouver l’équilibre financier avec des spécialistes, déplacer la chirurgie à Jean Bouveri. Résultat, 20 ans après on ferme la chirurgie pour rétablir l’équilibre mais le déficit s’agrandit.
Le rapport de l’IGAS a toujours une finalité. On va fermer les spécialités et il restera 4 services de médecine polyvalente avec interdiction de petites chirurgies.
Est-ce que l’on veut que les habitants du bassin soient les parents pauvres de la médecine ? »
« On est étranglé par les bilans financiers. Depuis 2011, sous la tutelle du ministère, les dettes se sont accentuées et deviennent exponentielles. L’hôpital a fait d’énormes efforts ; le personnel est happé par l’hôpital pivot (Chalon) »
« On voit fleurir des maisons de santé un peu partout. On se demande si elle ne sont pas là pour couler l’hôpital public ?
Au centre Filieris, pas moyen d’avoir des consultations avancées…
Depuis 98, on a regroupé les Mines et J. Bouveri. On a vécu une période d’or pendant 10 ans. En raison des dettes réalisées par le ministère, il a fallu faire des économies. L’hôpital a diminué en qualité et en offre de soins. On a imposé aux patients d’aller se faire soigner ailleurs ».
Après ce constat et avoir écouté toutes ces remarques, le député répond : « Je ne suis pas surpris par ce que vous dites, de vos colères, …
La séparation Nord/Sud n’est pas forcément une bonne chose…
Concernant le fameux rapport de l’IGAS, rien n’est décidé…
Effectivement, il faut stabiliser les choses. On ne peut pas tous les six mois être sous la menace d’une réorganisation. C’est anxiogène pour tous.
Il faut repartir sur un modèle et un bilan sain, un système qui vient financer les dépenses et les besoins de la population. Au niveau des dettes, envisager l’effacement de la dette par l’État ».
Le député précise qu’il va s’informer sur ce qui a été versé pour le Ségur.
« Après le financement, reste le recrutement. On va faire le point. Il faut que se soit clair pour le personnel, les patients.
Je n’ai pas de solution immédiate. Il s’agit de trouver un juste équilibre entre libéralisme et contraintes ».
Retour aux prises de parole…
« La situation dans laquelle on se trouve est la conséquence du Numérus Clausus et de la T2A. Quel est votre point de vue ? »
« Il y a une décision facile à prendre Qui va prendre la décision de réintégrer les personnels mis à pied ? On manque de soignants… »
« Concernant les urgences, il y aura un grand risque pour la population fermées entre minuit et 8h du matin. Les urgences doivent rester ouvertes 24h/24h avec des spécialités et des soins continus. »
« Le médico social, assimilé soignant pendant la crise, vaccination obligatoire, et pas de Ségur pour les services généraux. Comment revaloriser ces personnels ? On a fait énormément d’efforts Que fait-on des personnels qui n’ont pas droit au Ségur ?
Il faut 10 ans au SMIC pour monter dans la grille, sans parler de la charge émotionnelle à prendre en charge. »
« Le régime minier depuis 2005 est ouvert à la population. On a ouvert le centre Filiéris qui souffre du manque de praticiens. Nous revendiquons un rapprochement des régimes, des caisses communes pour la gestion des centres de santé.
Une motion a d’ailleurs été voté au conseil municipal de Montceau pour la pérennité du régime minier. »
Louis Margueritte reprend la main…
« Le Numérus Clausus, on en revient. C’est un sujet. On paie les mauvaises décisions prises dans les années antérieures. »
Sur la réintégration des personnels, le député reste prudent. « C’est un sujet binaire. »
J’entends. Au-delà de l’augmentation, il va falloir tenir compte de la question des périmètres, de la dépendance. Si on veut des personnels qui acceptent les contraintes de la profession, il va falloir mettre les moyens financiers ».
Retour dans la salle…
« Vous dites que l’on paie les mauvaises décisions prises les années précédentes. Vous serez le député qui a porté l’estocade, qui a enterré l’hôpital ou bien celui qui a sauvé l’hôpital !
On veut nous emmener sur l’hôpital de proximité avec cette perte de chance, avec les urgences condamnées…
Il ne faut pas faire un infarctus entre minuit et 8h du matin ! »
Le député répond : « J’ai dit que les décisions n’ont pas été prises suite au rapport de l’IGAS. L’idée c’est d’avoir un plan qui garantit de la stabilité ».
Marie-Claude Jarrot, suppléante du député, est arrivée et prend la parole.
« Je ne peux pas vous laisser dire que les Urgences sont menacées. Le problème est réglé. On a eu une réunion vendredi. C’est la dernière chance. On est à la croisée des chemins. Le rapport de l’IGAS, les urgences ne sont pas menacées. Nous avons été rassurés sur la ligne SMUR. On va demander une labellisation hôpital de proximité. Il demeure une pierre d’achoppement sur le bloc de chirurgie ambulatoire.
On a le projet d’un hôpital neuf, 60 millions d’euros, que l’on va porter avec le député au ministère. Arrêtons le temps des postures ! »
« À Paris, on va leur expliquer. On arrive avec un plan, un projet clair », ajoute le député.
« En 98, en 2000, en 2002, en 2022, on est toujours à la croisée des chemins… », rétorque une déléguée.
« On est au chevet du dossier. On ira voir le ministre fin novembre ! » conclut le député Louis Margueritte.
J.L Pradines
Voir l'article : Montceau News